Sortir de la mondialisation

février 24th, 2017 no comment

La mondialisation est prise dans le Pot au noir, un tourbillon de vents contraires bien connu des navigateurs, au milieu de l’océan atlantique dans la zone intertropicale où viennent se heurter les alizés du nord et du sud. Tel est le point de départ métaphorique de la réflexion de Mireille Delmas Marty, titulaire de la Chaire d’études juridiques et comparatives et internationalisation du droit au Collège de France dans un court mais pénétrant essai *. Dans cette zone, les marins qui s’approchent le savent d’expérience le risque de naufrage est à son maximum. Or nous n’en sommes pas loin. D’où, l’urgence insiste Mireille Delmas-Marty, pour s’aventurer dans la haute mer de la mondialisation, de s’équiper d’une « rose des vents », indispensable outil pour affronter les turbulences. La mondialisation est en réalité poussée par plusieurs vents souvent opposés, parfois complémentaires. L’aspiration à la liberté s’oppose ainsi à la quête de la sécurité – un vent de plus en plus dominant ! – le souffle puissant de la compétition s’équilibre avec celui de la coopération, le tourbillon de l’innovation se heurte aux courants de la préservation enfin le vent de l’exclusion est contrecarrée par ceux de l’intégration. « La mondialisation ne doit pas tendre vers le triomphe d’un seul vent dominant, quel qu’il soit. La compétition sans coopération conduit au règne de la force alors que la coopération sans la compétition est souvent inefficace. La sécurité sans liberté conduit au totalitarisme tandis que la liberté sans la sécurité mène le monde au chaos, etc. » assène l’expert. D’où la nécessité de réguler les souffles de la mondialisation autour de principes forts par exemple le principe de solidarité planétaire pour concilier compétition et coopération, ou le principe de « risque acceptable » ( préférable à celui du « risque zéro ») pour ne pas freiner l’innovation tout en ayant le souci de la conservation. Filant la métaphore maritime jusqu’au bout de son exploration, l’auteure imagine la tenue d’un « Congrès des vents » qui dessinerait une future gouvernance mondiale pour sortir la mondialisation du terrifiant Pot au noir où elle risque de chavirer aujourd’hui. Cette gouvernance passerait par la reconnaissance des interdépendances, la régulation des tensions impliquant la pesée réaliste des intérêts et enfin la responsabilisation des acteurs. Un triptyque indispensable mais encore à construire car pour l’auteur le pire serait de mettre le gouvernail en mode automatique.

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