Déclaration de l’indépendance et de la République catalane

janvier 4th, 2018 no comment

La tradition catalane et celle de la gauche espagnole ont été jusqu’à ce jour de lier république et fédéralisme. Ainsi, F. Macià ou Lluís Companys déclarent, chacun à leur tour, une république catalane dans une fédération ibérique. Izquierda Unida a aussi pour tradition de revendiquer la république et le fédéralisme. Ada Colau a formulé sa position comme celle d’une république catalane dans une confédération espagnole. Du côté d’Iglesias, dirigeant de Podemos, la proposition est plus imprécise. Il multiplie les discours sur l’État plurinational mais sans jamais en donner une traduction en terme de constitution ou de modèle d’État. Le bloc PP, Ciudadanos et PSOE n’a laissé aucune place à une évolution ou à un changement de constitution. Le refus d’entendre le peuple catalan a laissé place à une répression basée sur l’article 155 de la constitution, article jamais utilisé jusqu’alors. En 2006, 15 % des Catalans étaient pour l’indépendance, ils sont aujourd’hui autour de 50 %, il est impossible de penser que la politique intransigeante du gouvernement PP n’y est pour rien. Le 10 octobre, Puigdemont a fini par déclarer l’indépendance et la République catalane. Elle sera ratifiée au Parlement catalan avec les voix du PDCat, d’ERC et de la CUP. Des députés de Podem s’abstiendront, contrairement à l’exigence d’Iglesias de voter contre. Le PP, le PSC et Ciudadanos quitteront la salle avant le vote. Ce vote déclenchera l’application de l’article 155, qui suspend l’autonomie de la Catalogne, dissout le parlement catalan et impose de nouvelles élections le 21 décembre 2017. Le gouvernement de Madrid prend le pouvoir. À ce coup d’État institutionnel va s’ajouter l’arrestation de dirigeants d’associations ou responsables de partis indépendantistes, de membres du gouvernement catalan. C’est le retour des prisonniers politiques. La Catalogne s’est réveillée le lundi 30 octobre dans une situation inédite et lourde de tensions. Le Parlement catalan vient de voter l’indépendance, la république et des élections constituantes dans les six mois, mais la réalité est tout autre. Le Parlement catalan est dissous et certains des principaux animateurs du mouvement sont en prison, sans jugement, accusés de sédition, avec des demandes de condamnation allant de 15 à 30 ans ! Les responsables de l’ANC et d’Omnium, les « Jordis », sont en prison comme responsables d’associations ayant bloqué la Guardia Civil dans son action. Les deux principaux responsables du gouvernement catalan, Puigdemont, réfugié à Bruxelles, et Junqueras emprisonné, les deux toujours sans jugement, encourent des peines de 30 ans. Il en va de même pour d’autres responsables politiques. L’absence d’un plan de mobilisations pour organiser la résistance face à ce coup d’État et à l’emprisonnement de responsables, ainsi qu’au départ, non annoncé, à Bruxelles de Puigdemont et de son équipe, a créé un sentiment de désarroi dans le mouvement. Dans ce genre de situation, un vide de quelques jours, alors que l’adversaire est à l’offensive, est énorme. Si jusqu’à présent, le mouvement catalaniste avait l’initiative et avait imposé des défaites politiques à Rajoy, la situation venait de changer et le gouvernement PP a pris la main, au moins provisoirement, en Catalogne. Les ministres de Madrid s’y sont installés et les différents partis catalans ont, au final, décidé de participer aux « élections illégitimes » du 21 décembre.

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